Repos dominical – Intervention en conseil municipal du 15 octobre 2024 – Taran Marec

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Monsieur le Maire, chers collègues, 
 
Dans la lignée des positions que nous avons déjà prises, le groupe des élus communistes votera défavorablement les deux délibérations à suivre proposant des dérogations à la règle du repos dominical dans les commerces de détail ainsi que les concessions automobiles pour l’année 2025, à Brest.
En effet, rappelons que, dans les faits, la plupart des propositions d’ouvertures de commerces le dimanche sont décidées unilatéralement par l’employeur, au mépris des intérêts des travailleuses et travailleurs. 
Qu’est-ce que ces derniers y gagnent ? Quelques miettes des profits réalisés par les grands groupes et les grandes surfaces … ? 
Ont-ils vraiment leur mot à dire compte tenu du lien de subordination qui existe avec leur employeur ? 
Cela vaut-il le sacrifice d’un jour de repos, celui du dimanche qui constitue un repère collectif et social essentiel dans nos sociétés ?
Les commerces de proximité tirent t’ils vraiment bénéfice de leur côté de ces dérogations ? Cela resterait à évaluer … 
Rappelons aussi la précarité des contrats qui existe dans le secteur du commerce… A la vérité, les salariés.es, n’ont pas vraiment le choix de décider si elles ou ils travailleront aux dates concernées par ces dérogations. 
Au delà de ces points, en votant défavorablement ces deux délibérations, notre groupe veut aussi signifier que ce n’est pas le rôle de notre collectivité d’accompagner et d’encourager, même dans une moindre mesure, les logiques de compétition et de concurrence capitalistes qui ont déjà pignon sur rue dans notre société.
Selon nous, le dimanche doit rester en dehors des logiques marchandes et consuméristes dont nous subissons la prégnance tout le reste du temps.
Le dimanche doit demeurer un temps de respiration, un temps libre, mais aussi un temps de partage et de solidarité dédié à la vie familiale, sociale, culturelles, sportive, associative ; un temps dédié au commun, où il est permis à toutes et tous de se retrouver et de s’adonner aux activités de son choix.
La violence des crises que nous traversons invite à une action résolue pour la préservation et le renforcement du lien social entre habitants et habitantes. C’est ce que notre collectivité s’attache à promouvoir par ailleurs.
Sur ce sujet précis du commerce, si nous partageons avec la ville de Brest le souci de soutenir notre commerce de proximité, nous pensons néanmoins que cela doit passer par d’autres moyens que par des dérogations au repos dominical. 
La gratuité des transports publics serait, par exemple, une mesure bien plus efficace selon nous pour soutenir à la fois le pouvoir d’achat des brestoises et des brestois, qui fait très durement les frais de l’inflation que nous connaissons depuis plus d’un an, et pour conforter l’attractivité et la vitalité des commerces du centre-ville ayant fait le choix de s’y installer. 
Plutôt que la fuite en avant vers plus d’exploitation des salariés.es, nous préférons la mise en place de mesures plus innovantes et socialement responsables pour soutenir le pouvoir d’achat et créer de l’activité commerciale à Brest. 
Elus communistes, nous voterons donc contre les deux délibérations à suivre.
Merci de votre attention. 
(Seul le prononcé fait foi)

Propos liminaire – Eric Guellec – Conseil municipal du 15 octobre 2024

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Monsieur le Maire, mes chers collègues,

La démocratie locale traverse une crise profonde.

Manque de moyens, manque de reconnaissance, risque juridique, montée de lagressivité et multiplications des menaces. Les élus locaux, les maires, les collectivités publiques au sens large, font face à des difficultés de plus en plus prononcées dans lexercice de leurs missions de service public.

Aujourdhui, le constat est alarmant.

Durant cette mandature, le nombre de démissions de maires et d’élus locaux dans le pays, en particulier ici en Bretagne et dans le Finistère, na cessé de progresser.

En Finistère, ce sont 18 maires en fonction qui ont jeté l’éponge.

On ne compte plus par ailleurs les semaines sans quil ne soit fait état de phénomènes de violence, dagressivité, de tensions, commises à lencontre des représentants du service public local.

Daprès le Ministère de lIntérieur, toutes les violences à lencontre des élus locaux sont en hausse.

Le 6 février dernier, suite à lirruption de M Yénier dans cette enceinte, vous avez été contraint, Monsieur le Maire, dinterrompre nos débats.

C’est une illustration parmi d’autres du climat d’irrespect, pour ne pas dire de violence, qui peut s’exercer à l’encontre des élus.

Depuis un certain nombre dannées, nous navons cessé dalerter lEtat et les gouvernements successifs sur une situation qui devenait, selon nous, de plus en plus difficile, de plus en plus déséquilibrée, de plus en plus insécurisée, pour les collectivités publiques et leurs élus locaux.

Face à la hauteur des enjeux sociaux, environnementaux, démocratiques que va devoir relever notre pays, les collectivités publiques et leurs élus locaux, ont besoin d’être davantage accompagnés, mieux protégés, plus soutenus.

Oui, il faut redonner confiance à nos concitoyens et à nos concitoyennes, la reconstruction de l’édifice démocratique passera inévitablement par l’échelon communal en ce quil constitue un creuset démocratique de notre République.

Ce n’est pas la direction prise par le Gouvernement Barnier.

Cest désormais une vieille rengaine, un quasi-réflexe chez certains. Lorsquil sagit de faire des économies sur le dos des plus fragiles et de désigner un coupable pour expliquer le «dérapage» entre guillemets, des finances publiques, ce sont les collectivités publiques qui sont pointés du doigt

Aussi, dans le cadre dun plan daustérité de près de 60 Milliards dEuros, ce nouveau gouvernement illégitime, dont on ne sait pas trop comment il tient debout si ce n’est par la complaisance temporaire de lextrême droite, vient dannoncer un nouveau coup de massue pour les collectivités locales.

Après avoir supporté les baisses de dotation historiques engagées depuis 2014, après avoir subi les effets de la crise du COVID, après avoir fait face à linflation et à laugmentation inédite des prix de l’énergie, après avoir été progressivement privées des marges de manœuvre financières leur permettant dassumer leur libre administration prévue par la Constitution, les collectivités locales vont ainsi voir leurs ressources ponctionnées de 5 milliards deuros supplémentaires chaque année auxquels sajoutent les 1,5 milliards de Fonds vert en moins.

5 milliards deuros en moins pour linvestissement public que les collectivités assument pourtant à plus de 70 % à l’échelle nationale.

5 milliards deuros en moins, chaque année, pour toutes les politiques publiques locales de santé, d’éducation, de jeunesse, de petite enfance, de transports, de tranquillité sur l’espace public, dont nos concitoyens ont tant besoin.

1,5 milliards deuros en moins pour financer les travaux indispensables pour la transition écologique alors que lurgence climatique est là.

Et le moins que l’on puisse dire sur ce plan là, c’est que les besoins existent et que nous n’avons pas attendu pour agir.

Un seul exemple ? 

La volonté politique de notre municipalité de mener de grands chantiers de rénovation énergétique de notre patrimoine afin de continuer à rendre nos équipements non seulement plus performants sur le plan environnemental mais aussi plus agréables et fonctionnels dans leur usage quotidien.

Du côté de Bercy par contre, budget après budget, cest la dégradation de nos services publics locaux qui s’effectue.

Derrière cette nouvelle attaque contre les collectivités locales, cest une part de la démocratie locale et de lexercice de la souveraineté populaire qui est visée; cest la mise en œuvre du pacte républicain et de ses promesses sur tout le territoire, dans toutes les villes, dans tous les quartiers, qui est menacée.

Elus communistes, nous réaffirmons notre attachement au service public local.

Nous n’insisterons jamais assez là-dessus : les élus locaux sont des élus du quotidien.

Face à linsécurité permanente, juridique notamment, nous voulons quils bénéficient – devrais je dire ?- nous voulons bénéficier dun véritable statut de l’élu, permettant un exercice du mandat serein, reconnaissant à sa juste place la valeur de lengagement local. Un véritable statut de l’élu incitant aussi très largement tous les citoyens et toutes les citoyennes à sinvestir, au service la démocratie locale.

Face à la saignée budgétaire annoncée, nous voulons des dotations en hausse, pérennes, pour les collectivités locales, permettant de financer les grandes transformations que nos villes doivent mener, en matière de transition notamment, mais aussi pour l’ensemble des services publics qu’elles doivent gérer au quotidien.

Face à la chasse aux fonctionnaires qui semble pour d’aucuns être un sport national, nous voulons au contraire que tous les agents de la fonction publique territoriale, indispensables aux populations, soient justement respectés et reconnus dans leurs métiers et leurs compétences.

Aussi, plutôt que la réduction de l’emploi public, nous voulons que le point dindice des fonctionnaires soit augmenté et que cette augmentation soit prise en charge par lEtat, nous voulons des embauches de fonctionnaires territoriaux supplémentaires.

Et puis face à l’hyper concentration et les volontés de re-centralisation que nous percevons ici ou là, du côté de l’Etat, nous voulons une nouvelle étape de la décentralisation reposant sur une réaffirmation de principes essentiels.

La réaffirmation de la place des communes et des collectivités locales au sens large mais j’aurais également pu parler de la démocratie et des libertés associatives.

Le renforcement de la capacité dagir de ces collectivités avec des dotations en moyens suffisants pour mener à bien leurs missions.

La reconnaissance véritable de la libre administration des collectivités publiques.

L’argent existe! Combien de temps l’Etat va t’il refuser de mettre sérieusement à contribution les hauts revenus et de taxer davantage le capital ?

Nous saurions faire bon usage de recettes supplémentaires pour financer toutes les réponses aux besoins des populations en matière d’équipements, de déplacements, de solidarités, de services publics!

Pour ces prochains mois et ces prochaines années, c’est en gardant en tête les invariants de solidarité et de proximité, qu’il nous faudra néanmoins continuer à agir, Monsieur le Maire, chers collègues, de manière volontariste, collectivement, sur l’ensemble des sujets.
 

Je vous remercie