Monsieur le Maire, chers collègues,
Quelques éléments de réponse à apporter sur le fond à Mme Malgorn concernant le fonctionnement des associations d’habitantes et d’habitants qui animent et font vivre les équipements de quartier puisque, Mme Malgorn, vous semblez vous poser des questions sur leur fonctionnement à Brest.
Vous nous interpellez lors du précédent conseil, puis par courrier etpar voie de presse, quant à la conduite rapide et urgente d’une démarche d’évaluation des conventions pluriannuelles conclues en 2022 entre la Ville et les associations gestionnaires, les fédérations d’éducation populaire et la CAF.
Mme Malgorn, je souhaite vous rassurer : ce bilan, à mi parcours, au-delà des points annuels et des échanges qui interviennent très régulièrement au fil de l’année, ce bilan de mi-mandat est bien prévu dans les reconventionnements, écrit noir sur blanc dans ces conventions que vous aviez votés.
De longue date, nous avons construit un cadre partenarial dans lequel la Ville, et les associations d’éducation populaire qui gèrent et animent les équipements de quartiers se parlent, échangent et construisent, ensemble, en permanence, au service de l’épanouissement et de l’émancipation de tous les Brestois et de toutes les Brestoises.
Ce réseau associatif peut s’appuyer sur l’engagement de très nombreux Brestois et Brestoises, bénévoles et salariés associatifs, toutes et tous mobilisés au quotidien pour porter des dynamiques d’éducation populaire, des dynamiques associatives si essentielles au bien commun, dans tous les quartiers.
Lorsque surviennent des difficultés, des solutions sont recherchées par les différents partenaires.
Malgré cela… Vous posez aujourd’hui la question de la création d’une commission ad hoc pour mener une évaluation de l’action des équipements de quartier au sens large ou encore vous demandez la création d’une Mission pour examiner, dans toute sa globalité, le sujet du fonctionnement des équipements de quartier, leur situation financière, leurs modalités de gestion, etc, etc, etc.Vous semblez poser le postulat que tout cela serait opaque, que toutes ces actions en direction des brestoises et des Brestois des plus jeunes au plus âgés qui sont le cœur de l’engagement des 22 équipements de quartier à Brest serait une mauvaise dépense pour la ville…
Monsieur le Maire vous répondra peut-être tout à l’heure, s’il le souhaite, sur le formalisme de cette dernière demande qui ne respecte pas les dispositions du règlement intérieur de notre Assemblée.
A mon niveau, dois-je rappeler qu’une instance de travail et de dialogue, dénommé (COBRAAEQ), existe entre la Ville et les associations d’éducation populaire?
Ayant vocation à échanger sur les principes et contenus des conventions ainsi qu’à définir des programmes d’actions, cette instance permet une évaluation, un dialogue et des ajustements réguliers, dans une démarche d’amélioration et de renforcement constants des actions et des projets d’éducation populaire qui sont menés dans les quartiers par ces associations.
Cette instance fonctionne bien, vous avez d’ailleurs souligné l’important travail d’analyse et de concertation qui y a été réalisé, Mme Malgorn.
J’insiste sur ce point pour vous dire que l’évaluation, le dialogue, la recherche d’améliorations, elle se font en permanence.
Alors bien sûr, au delà de ce dialogue permanent, un bilan de mi-parcours de ces conventions pluriannuelles entre la Ville, les équipements de quartier et les fédérations d’éducation populaire et la CAF lorsqu’elles sont signataires, débute ce mois-ci.
Cela était mentionné dès le départ je le répète dans les conventions pluriannuelles… Nous avons l’habitude de respecter les cadres que nous établissons et de tenir nos engagements.
Notre souhait est que ce bilan de mi-parcours actuellement engagé avec les équipements tel que prévu dans les conventions soit présenté en commission plénière en 2025. Monsieur le Maire vous en a informé par courrier, courrier dont nous avons toutes et tous eu copie.
Le bilan pourra également donner lieu à des avenants aux conventions qui seront présentées en Conseil Municipal et qui, de fait, pourront, si vous le souhaitez, être de nouveau débattus à ce moment-là et sur lesquelles vous pourrez exprimer votre positionnement publiquement quant au soutien réaffirmé de la Ville de Brest à l’égard de ces associations.
Monsieur le Maire, voilà les réponses concrètes que je souhaitais livrer à chacune et chacun d’entre vous.
Permettez-moi néanmoins de placer le sujet sous un angle plus politique car c’est ce que, au fond, Madame Malgorn nous invite à faire…
A plusieurs reprises, Mme Malgorn, vous avez écrit :
« La situation se dégrade dans plusieurs de ces équipements »,
« Rien se serait pire que le déni sur les problèmes existants, tout doit être mis sur la table, dans l’intérêt même de ces structures.»
Ces propos m’ont questionné Madame Malgorn, comme ils ont questionné les représentants des associations, les militants associatifs, les salariés associatifs, avec lesquels j’ai pu discuter ces derniers jours et qui s’interrogent sur le sens même de ceux-ci.
Dans ces mots qui sont les vôtres, Mme Malgorn, résonne l’écho de la défiance et de la suspicion, exprimé à l’égard du monde associatif.
Vous savez, les associations ce ne sont que des Brestois et des Brestoises qui donnent beaucoup d’eux-mêmes pour les autres.
Ce n’est rien de plus mais c’est essentiel. Et c’est pour beaucoup d’entre elles, d’entre eux, l’engagement de toute une vie.
Par vos propos, Mme Malgorn, que cherchez-vous à dire à ces Brestois et à ces Brestoises qui s’engagent dans la vie associative de notre cité et qui fréquentent ces lieux d’émancipation individuelle et collective ?
Que cherchez vous à leur dire sinon qu’ils ne peuvent pas ou qu’ils ne pourraient plus faire confiance au fonctionnement des structures associatives qui gèrent et animent ces équipements?
Quoiqu’il en soit, vos propos, Mme Malgorn, contrastent profondément avec la dynamique que portent toutes les structures associatives brestoises au quotidien et que la Ville de Brest s’honore à soutenir à la hauteur des défis auxquels doivent faire face aujourd’hui toutes ces associations.
Des associations d’horizons divers, d’une extrême richesse, toutes nécessaires à la fois comme expression de la démocratie et comme garantie de celle-ci.
Vous ne le saviez peut-être pas, Mme Malgorn, mais se tenait la semaine dernière la Première Edition des Assises de la Vie Associative et de l’Education Populaire, co-organisée par la Ville de Brest et le Mouvement Associatif de Bretagne, et ouverte au Quartz jeudi soir par M. le Maire.
Des centaines de participants et de participantes qui ont à coeur la défense et la promotion des libertés associatives, ont pu échanger sur les grands défis d’avenir qui se posent au fait associatif.
Mutation du bénévolat, enjeu démocratique, financement, liberté associative, changement climatique, solidarités. Conférences, tables rondes, ateliers, les débats ont été nombreux et riches.
J’en profite pour saluer cet engagement permanent, remarquable, des militants associatifs, bénévoles et salariés, en ce qu’il permet d’œuvrer à la formation de citoyens libres et responsables, émancipés, s’appropriant la chose publique, acteurs d’un projet de société de justice, de progrès social et écologique.
Puisque vous étiez absente de ces Assises et que votre groupe politique n’y était pas représenté, je vous ai apporté un exemplaire du rapport du CESE sur le monde associatif en France, je vous le tiens à disposition…
Rapport adopté à l’unanimité, rapport fort instructif dont les conclusions ont contribué à alimenter le débat des ateliers sur les solutions d’avenir à engager collectivement pour répondre aux défis du monde associatif.
Quel constat dresse le rapporteur de ce document national, Martin Bobel, que nous avions invité aux Assises?
Très succinctement, il nous dit :
Le tissu associatif est grandement fragilisé.
En quinze ans, les subventions ont baissé de 41% sur le territoire national.
De plus en plus fréquemment, les associations se retrouvent en concurrence entre elles lorsqu’elles ne doivent pas faire face à des cadres extrêmement contraignant, encadrant et limitant leur capacité d’expression, au détriment de l’engagement citoyen et de la démocratie.
A l’inverse de la portée de vos propos et de ce qu’on peut penser que vous cherchez absolument à démontrer, Mme Malgorn, l’intitulé de ce rapport concernant le monde associatif est très clair, limpide :
«Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique! ».
Notre équipe progressiste se situe à rebours des logiques marchandes, à rebours également de ceux qui voudraient que les associations ne deviennent que de simples exécutants des politiques publiques, le doigt sur la couture du pantalon, comme le disait à juste titre François Cuillandre lors de l’ouverture des Assises jeudi soir.
A la ville de Brest, notre équipe municipale, notre équipe majoritaire, agit pour renforcer la capacité d’expression et d’intervention du monde associatif, dans toute sa diversité.
Elle agit pour renforcer la place et le rôle des associations à Brest, pour ce qu’elles font mais aussi pour ce qu’elles sont.
Elle agit pour le renforcement d’un modèle d’équipements de quartiers associatifs pluriels et dynamiques, qui apporte une vitalité sur bien des aspects et au coeur duquel se situe la liberté associative, principe que promeut notre équipe.
Plutôt que la mise en concurrence, nous œuvrons aux coopérations, avec l’action de la Maison de associations de la Ville de Brest, avec les Assises de la Vie Associative et de l’Éducation Populaire, avec la Charte d’Engagement Réciproque qui sera soumise en début 2025 au vote de notre assemblée.
Plutôt que l’insécurisation permanente que constituerait la généralisation de l’appel à projets, nous désirons que le conventionnement pluriannuel soit la norme pour apporter visibilité et lisibilité.
Plutôt que l’austérité, nous avons fait le choix de renforcer le soutien financier global de notre collectivité aux associations, et notamment en direction de ces associations d’éducation populaire gérant et animant les 22 équipements de quartiers.
Plutôt que la défiance et la caporalisation, nous misons sur la confiance partagée, objet du dialogue permanent que nous entretenons au sein du COBRAAEQ, objet du travail mené avec le monde associatif autour d’une Charte d’Engagements Réciproques, présentée il y a quelques jours durant les Assises.
Nous aurons à nous prononcer tout à l’heure sur des délibérations concernant le soutien de notre collectivité aux associations d’éducation populaire.
Nous souhaitons bien sûr un vote unanime des différentes composantes politiques de ce conseil, qui démontreraient ainsi que chacun et chacune a saisi les véritables enjeux auxquels font face ces associations.
Monsieur le Maire, je vous remercie.