Retrouvez au lien ci-dessous l’appel de divers élus communistes et citoyens des métropoles et agglomérations françaises dont Eric Guellec, président du groupe, publié dans l’Humanité du jour.
Pour des ZFE plus justes : on respire le même air mais on n’a pas le même salaire !
A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité, nous publions un texte commun signé par des élus communistes et citoyens des métropoles concernées par les zones à faible émissions (ZFE).
Publié le Lundi 19 Septembre 2022
ALAIN JOCARD / AFP
À partir du 1 er janvier 2025, près de 10 millions de voitures seront interdites de circulation du fait de l’instauration de Zones à Faibles Émissions (ZFE) dans les 45 plus grandes agglomérations françaises. Sont concernés les véhicules classés Critair 3, soit les voitures mises en circulation avant 2005 pour les moteurs essence et 2010 pour les moteurs diesel. Cette mesure répond aux impératifs d’amélioration de la qualité de l’air et de réduction des émissions de particules fines qui entraînent chaque année plus de 40 000 décès prématurés.
Mais cette interdiction des vieilles voitures va pénaliser les classes populaires qui n’ont pas les moyens d’acheter une voiture plus récente. Or les aides proposées par l’État et les collectivités restent très insuffisantes et varient d’une métropole à l’autre. Les habitants des périphéries, « premiers de corvée » vivant en dehors des agglomérations où ils travaillent en raison du coût du logement, sont le plus souvent exclus des aides gérées par les collectivités puisqu’ils n’y résident pas.
Des millions de Français ne pourront bientôt plus se déplacer. Cette situation explosive peut dégénérer dans un conflit social majeur. S’il faut agir pour améliorer la qualité de l’air, il faut le faire sans pénaliser les classes populaires. C’est pourquoi nous, élu.e.s communistes des métropoles et des agglomérations, formulons des propositions de portée à la fois écologique et sociale pour aider les ménages à acheter des voitures moins polluantes et développer les alternatives à la voiture individuelle notamment avec les transports en commun ferroviaires et routiers.
Nous proposons de renforcer les aides d’État à la conversion : tout ménage doit avoir droit à une aide de 10 000€ pour acheter une voiture plus récente, classée Critair 1 ou 2, à un prix abordable, neuve ou d’occasion. L’État doit également proposer des prêts à taux zéro pour soutenir cet effort des ménages et accorder des dérogations (familles nombreuses, personnes âgées). Enfin il faut s’attaquer à l’angle mort de la réduction des particules fines : la réduction à la source des particules émises lors du freinage des voitures en obligeant l’installation de systèmes de captation sur toutes les voitures.
Des restrictions de circulation plus justes et plus efficaces doivent aussi être envisagées : les véhicules hybrides rechargeables, faux nez de l’écologie, ne doivent plus être éligibles aux aides publiques à la conversion et un malus plus important doit s’appliquer aux véhicules particuliers les plus lourds.
Parallèlement à ces ajustements, les pouvoir publics doivent engager de grands investissements pour développer les mobilités alternatives moins polluantes et permettre de se déplacer autrement qu’en voiture : 7 milliards d’euros par an sont nécessaires pour instaurer la gratuité des transports urbains – une mesure qui pourrait être financée par une réforme du versement mobilité dont le taux serait progressif et fonction des salaires et des ressources des entreprises concernées. La lutte contre les inégalités passe ainsi surtout par des politiques publiques au service d’une meilleure desserte des populations vivant dans les espaces périurbains ou peu denses et d’une amélioration de la coordination des différents modes de transports (correspondances et horaires adaptés). Il faut aussi augmenter de 3 milliards d’euros par an les investissements pour la création et le développement des réseaux de métro (Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon, etc.), de tramways et de bus. Il est aussi primordial d’engager 5 milliards d’euros d’investissement supplémentaires par an pour notamment développer les liaisons ferroviaires interurbaines et les TER. Enfin, il est nécessaire d’investir 1 milliard d’euros par an pour créer des aménagements cyclables en milieu urbain dense – des investissements relativement peu coûteux et rapides à mettre en œuvre pour favoriser un mode de déplacement non-polluant et plus efficace que la voiture pour les trajets inférieurs à 5 km (et 10 km en vélo à assistance électrique).
Nous, élu.e.s communistes et citoyens, participerons aux débats dans les agglomérations concernées pour défendre ces propositions et mener de front la bataille pour la justice sociale et l’environnement.