Claude BELLEC est intervenue ce mardi 04 avril à l’occasion de la « Semaine du mal-logement ». Brest a été retenue par la fondation Abbé-Pierre pour organiser une journée durant laquelle des tables rondes et des stands permettaient de présenter ce qui se fait dans la métropole pour lutter contre le mal-logement. Métropole qui a fait du mal-logement un des axes prioritaires durant ces dix dernières années en proposant une politique facilitant l’accès a un logement digne pour tous. Ce fut également l’occasion pour l’association de présenter son 22ème rapport sur l’état du mal logement en France.
Voici le discours qu’elle a prononcé :
« Bonjour et bienvenue à toutes et à tous.
Merci à la Fondation Abbé Pierre d’avoir choisi la mairie de Brest, pour ses actions dans le cadre de la semaine contre le mal logement.
Nous sommes heureux de vous y accueillir aujourd’hui.
Ce forum des initiatives solidaires sur la lutte contre le mal-logement va, par la richesse de ses débats et la qualité de ses intervenants, être un succès et nous faire avancer ensemble, j’en suis persuadée.
A ce titre je remercie toutes les associations présentes aujourd’hui. Je ne les nommerai pas, j’aurai peur d’en oublier. Elles sont nos partenaires et elles permettent chaque jour par leur dynamisme, la mise en œuvre d’actions innovantes pour lutter contre le mal logement et la précarité. Vous pourrez les rencontrer, échanger avec elles toute la journée, sur leur stand, dans les allées de ce forum.
Cette année marque les 10 ans de la disparition de l’Abbé Pierre. Résistant dans le Vercors, député, militant associatif, il a toujours consacré sa vie aux plus démunis. L’Abbé Pierre s’était engagé avec humilité pour l’humanité et ses mots de l’hiver 54 appelant à l’insurrection de la bonté sont encore dans nos mémoires. 63 ans après la lutte contre le mal-logement continue d’être indispensable.
Les enjeux sont énormes, car le fait de ne pas avoir de logement, ou de vivre dans un logement indécent voire insalubre, est un facteur majeur d’accroissement des inégalités.
Dans la 1ère table ronde nous aurons l’occasion de revenir sur l’Etat du mal logement en France, son aggravation, puisque sont touchées aujourd’hui, non seulement les classes populaires, mais aussi les classes moyennes, et que le désengagement de l’Etat ne cesse d’augmenter, même si la loi SRU sur les logements sociaux est devenue plus pressante et plus coercitive pour les communes réfractaires.
Parce que le logement social est le moyen le plus sûr de rendre concret le droit au logement.
On mettra aussi à l’actif de l’État, la loi sur le droit au logement opposable (DALO). Là aussi c’est une grande avancée.
Brest et sa métropole ont fait de cette lutte contre l’exclusion par le logement (une parmi les autres) une priorité depuis de nombreuses années. En effet nous savons que faciliter l’accès au logement digne pour tous est le pivot de toute politique progressiste de l’Habitat
BMH (Brest métropole Habitat) et l’ensemble des organismes HLM présents sur le territoire se mobilisent pour proposer et produire des logements destinés à la location et à l’accession sociale à la propriété, avec pour objectif de la diversité, de la qualité, de la solidarité (handicap, personnes âgées, jeunes, habitat participatif, pensions de famille).
Nous devons répondre aux besoins d’une population de plus en plus précaire et aux revenus souvent très bas et nous souhaitons leur proposer comme à tous, un logement digne. La rénovation énergétique est un de nos axes d’intervention, car se chauffer devient pour certains de plus en plus dur.
Nous agissons pour améliorer ce qui existe déjà et nous produisons des logements neufs.
Dans le cadre d’un dispositif regroupant l’ensemble de nos partenaires, dont la Fondation Abbé Pierre fait partie, la CASAL, (Commission d’Accompagnement Social et d’Accès au Logement) nous mettons en œuvre une politique volontariste, et ce depuis déjà longtemps en matière d’hébergement d’urgence, d’hébergement temporaire, de logements d’insertion et d’habitat adapté, d’hébergement pour les demandeurs d’asile.
Des publics qu’avec l’aide des travailleurs sociaux et des associations, nous accompagnons vers l’insertion et l’autonomie.
Quelques chiffres pour 2016 : la CASAL a traité 800 dossiers, a fait 125 propositions de relogements, a fait 99 admissions de ménage en CHRS.
En tout ce sont environ 1500 places estimées pour des solutions de logement et d’hébergement accompagnés avec nos partenaires sur l’ensemble du territoire.
1500 places cela paraît beaucoup et pourtant c’est peu, au regard du temps qu’il faut aux familles pour devenir ou redevenir autonomes !
Depuis janvier de cette année, nous avons en charge pour la métropole le FSL (fonds de solidarité Logement) qui aide au maintien durable dans un logement en tenant compte de la nature des difficultés des ménages.
Nous essayons de répondre au mieux à la grande diversité des situations, parfois grâce à des passerelles avec le parc privé conventionné (liens privilégiés avec une AIVS).
Un constat toutefois : les parcours de vie rendent parfois difficiles les orientations vers un logement plus pérenne.
Le parc privé est aussi l’objet de nos préoccupations : création du cellule de lutte contre l’habitat indigne, avec un volet de travail important sur la précarité énergétique (pour les publics les plus fragiles, copropriétés en difficulté… Nous finançons des études, animons des dispositifs et aidons financièrement les particuliers.
Le traitement des immeubles dégradés et vacants sont des objectifs prioritaires du renouvellement urbain et pour cela le travail avec la cellule est essentiel.
S’il semble utile d’examiner ce que nous avons accompli et ce que nous accomplissons dans notre collectivité, c’est bien pour continuer à tracer des perspectives d’avenir et d’action pour un droit au logement digne pour tous, celui-ci étant au cœur de la vie des gens.
Il doit redevenir une grande cause nationale, un barrage au creusement des inégalités. Cela signifie des moyens : retour des aides à la pierre au niveau nécessaire pour un Habitat public digne de ce nom, encadrement des prix du foncier destiné au logement social, par exemple.
Plus de 70% des Français ouvrent droit à l’accès au logement social et 81% souhaitent qu’on développe cette forme d’habitat.
Cela passe aussi par un renforcement de l’encadrement des loyers. Bien souvent la proportion des charges et du loyer dépasse 30% du budget des familles. Il y a 30 ans on considérait que les dépenses de logement ne devaient pas dépasser 20% du budget des ménages, 25% il y a 15 ans, aujourd’hui on considère que 30% des revenus d’un ménage sont acceptables.
Que dire du « reste à vivre » sinon qu’il est bien souvent un « reste à survivre ».
Le logement doit permettre l’autonomie, pas l’inverse.
Enfin je voudrais souligner un point d’actualité. Alors que la trêve hivernale des expulsions a pris fin le 31 mars dernier, une circulaire interministérielle rappelle les obligations de prévention à mettre en place pour tendre au « zéro expulsion sans relogement » pour les locataires du logement social.
Inutile de rappeler ici que la préoccupation du bailleur principal du territoire BMH en l’occurrence est bien d’agir en amont dès les premiers signes de difficultés, afin d’aider les ménages à faire face à cette situation et à garantir le maintien dans le logement. En 2016 le taux a tout de même augmenté de 15%, même si la négociation et l’écoute permettent le règlement à l’amiable d’un tiers de ces situations.
Il à noter que la situation de ces ménages « exclue » du logement dit de droit commun se retrouve dans nos commissions CASAL qui réceptionnent et traitent une part non négligeable d’entre elles.
Voilà pour conclure et laisser la place à la richesse des échanges.
Le mal logement n’est pas une fatalité, mais la route est encore longue et plus nous serons nombreux à nous y engager, plus nous produirons d’avancées concrètes qui serviront à celles et ceux pour lesquels nous agissons.
C’est à cela que va nous servir cette journée.
Je vous remercie. »