Vendredi 3 février avait lieu le premier conseil de métropole pour l’année 2017. Lors du conseil était abordé le Débat sur les Orientations Budgétaires de la métropole. Isabelle MAZELIN est intervenue au nom du groupe des élu-e-s communistes de Brest et de la Métropo
« Mr. Le Président,
Cher-e-s collègues,
Après les débats d’orientations budgétaires qui ont eu lieu dans les différentes communes de la Métropole, nous abordons aujourd’hui celui de cette dernière avec les mêmes contraintes, liées à la baisse des dotations d’Etat imposée par le Gouvernement.
Celui-ci a décidé de faire peser sur les collectivités et les ménages le redressement des comptes publics de l’Etat pour ainsi ramener le déficit public sous la barre fatidique des 3 % imposée par Bruxelles. Je ne reviendrai pas en détail sur cette stratégie de désendettement mortifère pour les collectivités et sur le caractère absurde de cette règle des 3%.
Permettez-moi juste de douter des décisions gouvernementales quand des organisations telles que le FMI, la Commission Européenne, ou l’OFCE, préconisent exactement l’inverse. Ces organisations le disent, il faut faire de la dépense publique en direction de l’investissement et du portemonnaie des ménages pour relancer l’économie et l’emploi.
Quand certains voudraient nous enfermer dans la croyance qu’il n’y aurait pas d’alternative, nous le disons clairement : l’austérité budgétaire n’est pas le remède miracle à la crise. Bien au contraire, elle a des effets récessifs conséquents. Elle affaisse l’économie et affaiblit durablement les collectivités comme la nôtre qui sont les cibles toutes choisies depuis cinq ans.
Faut-il rappeler que ce sont les collectivités qui tirent, pour une bonne part, l’économie du Pays en étant le premier des investisseurs publics (environ 70% de l’investissement public national) ? Faut-il rappeler que ce sont les collectivités qui mettent en place quotidiennement des politiques de proximité et des politiques structurantes pour le territoire ? Faut-il rappeler que ce sont les collectivités qui sont garantes de la gestion des services publics du quotidien pour répondre aux besoins du plus grand nombre ?
Ces politiques menées au sommet de l’Etat ont été catastrophiques pour l’ensemble des échelons locaux et indirectement pour nos concitoyens. Nous, élu-e-s communistes, dénonçons cette stratégie budgétaire d’appauvrissement des collectivités.
Pour Brest Métropole, la perte de recettes va se chiffrer à 2,4 M d’euros cette année malgré la division par deux de la baisse de dotations initialement prévue. La saignée continue pour les collectivités telles que la nôtre. Plus de 40 M d’euros de pertes cumulés pour la Métropole depuis 4 années… Cela est profondément insupportable.
Cette réduction prolongée des ressources allouées à notre collectivité l’amène à une contraction de sa capacité d’autofinancement.
Dans le même temps, nous constatons que la capacité de désendettement de la Métropole atteint 7,2 années et reste donc en dessous des 8 années prévues dans le tableau de la solvabilité financière des collectivités. Nous sommes en zone verte. Cette maitrise de l’évolution de la dette nous permet ainsi de préserver nos capacités d’investissements futurs pour bâtir les projets de demain. C’est un bon signal pour l’avenir.
En effet, la politique d’investissement pour 2017 demeure soutenue avec une enveloppe de 53,9 M d’euros établie dans la PPI + 16,6 M Hors Plan de Mandat. L’aménagement du Plateau des Capucins et de ses Ateliers, l’arrivée du siège d’IFREMER, le Pôle des Excellences Maritimes, sont autant de projets qui renforcent l’attractivité, la vitalité et la visibilité de notre territoire. En effet, la Métropole reste parmi les premières places mondiales de la recherche et de l’innovation dans le secteur maritime : 1,7M sont encore mobilisés cette année pour le développement du « Pôle des excellences maritimes ». Ce pôle va permettre de diffuser la connaissance marine et maritime. Ce type de projet structurant dessine le visage de la Métropole de demain qui se veut déjà à la pointe en matière d’économie de la Mer. Il faut impérativement continuer de préserver un haut niveau d’investissement public car c’est celui-ci qui renforcera, développera et dynamisera notre territoire.
Concernant les dépenses de fonctionnement. La stratégie budgétaire, visant à maintenir la capacité d’épargne de la Ville pour garder un bon niveau d’investissement, et sans recourir au levier fiscal sur les ménages, nous impose de limiter la progression de ces dépenses à +0.8% cette année.
Certes, des priorités devront être repensées et des décisions devront être prises, mais en aucun cas la limitation des dépenses de fonctionnement ne doit conduire à une restriction drastique du service public rendu à nos concitoyens ainsi que des politiques structurantes mises en place pour notre territoire. N’oublions pas que l’action métropolitaine répond chaque jour aux besoins de chacun, qu’elle répond aux besoins de ses territoires en termes de développement et d’aménagement.
A ce titre, nous serons attentifs à ce que toutes les décisions prises se fassent dans le dialogue et dans l’échange.
Sur la fiscalité, nous voulons souligner l’engagement pris devant les électeurs de ne pas augmenter la pression fiscale sur les ménages. Nous nous félicitons de cette politique de modération et nous souhaitons que cette stabilité perdure jusqu’à la fin du mandat.
Malgré le contexte budgétaire tendu imposé par le Gouvernement, le Groupe des élu-e-s communistes restera vigilant à ce que la dépense publique soit utile et orientée au maintien de services publics de qualité et au maintien des grandes missions structurantes pour notre territoire.
Notre groupe veillera, dans l’utilisation de l’argent public, à ce que l’action métropolitaine prenne et continue de prendre en considération la recherche d’un développement équilibré, complémentaire et solidaire des territoires. Au-delà d’un « pôle de compétitivité stratégique et économique », la Métropole doit continuer d’œuvrer pour un aménagement territorial harmonieux et pour la préservation de notre cadre de vie.
Concernant les perspectives financières à venir, nous le savons tous, elles sont incertaines. Une majorité de candidats à l’élection présidentielle semble partager la nécessité de réduire la dépense publique et ainsi faire perdurer le risque d’asphyxie financière qui touche les collectivités locales comme la nôtre. Pourtant, il n’y a pas de « dépenses inutiles », il y a des besoins auxquels nous, élu-e-s, devons répondre.
Nous devons donc continuer à défendre un programme de réorientation des choix économiques et de rupture avec l’austérité territoriale qui nous est imposé depuis trop d’années. 2017 en est l’occasion.
Quoiqu’il en soit, nous resterons déterminés dans nos engagements et nos combats au service de l’action publique et des besoins de la population.
Je vous remercie. »