Jacques Quillien, Gaëlle Abily, Alain Masson, Alain Boulaire, Christine Berthou-Ballo et Amélie Grosjean ont notamment été en relation avec Le Havre, ville labellisée. « Ils n’ont pas consulté les habitants, explique Alain Boulaire. Nous avons décidé, nous, de le faire ».
C’était une mention dans le programme de François Cuillandre, lors des dernières municipales : faire de Brest une Ville d’art et d’histoire. Désormais, la course au label est lancée, après trois ans de réflexions menées avec les habitants. Réponse à la suite de la commission du ministère de la Culture, en juin 2017.
Brest détruite, Brest reconstruite.
Brest a subi les affres de la Seconde Guerre mondiale. « Personne ne peut le nier, pose Alain Masson, chargé des patrimoines. Brest a eu longtemps l’image d’une ville pas jolie, n’ayant aucun attrait, mais il y a un certain nombre de potentialités qui datent de bien avant la période de la reconstruction, comme le château, qui fait office de carte postale ». L’historien Alain Boulaire acquiesce : « Brest possède une histoire exceptionnelle, dont il reste plein de traces. Si l’on sait regarder, on a un panorama allant du IIIe siècle à demain ».
Quoi à gagner ? C’est la question. « Que les Brestois soient sensibilisés à l’histoire de leur ville, déclare Jacques Quillien, qui a déjà vu « un changement dans la mentalité, en quelques années ». Car un habitant qui aime sa ville en parle et fait venir du monde ». « Sans compter que les villes labellisées enregistrent en moyenne 12 à 18 % de répercussion positive sur leur économie », complète Christine Berthou-Ballo, responsable du service patrimoines. Si label il y a, la Ville obtiendra un cofinancement de poste pendant deux ans, de l’aide pour la documentation ainsi que pour la création d’un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap), dans les cinq ans suivant l’obtention du label.
Trois ans de réflexion.
L’idée ne date pas d’hier, puisque la réflexion est née en 2012. Un an après, l’acte de candidature passait en conseil municipal, avant la création du comité scientifique ? composé de sept personnes : des scientifiques, des historiens, des associatifs, des représentants de la Marine, des profs ? chargé de lister toutes les dimensions des patrimoines, et du comité technique. Quatre axes ont été définis : la Défense, la mer et l’international, la ville palimpseste (du nom du parchemin déjà utilisé, dont on a effacé les inscriptions pour, de nouveau, écrire dessus, NDLR) et les dynamiques sociales. « Il était important de ne pas oublier la notion de patrimoine humain, précise Gaëlle Abily, adjointe chargée de la culture. Et notamment le matrimoine : l’histoire ne retient que peu les femmes. Lors des prochaines Journées du patrimoine, on fera un focus pour réidentifier l’apport des femmes dans le patrimoine ».
La parole est aux Brestois.
Les Journées du patrimoine, c’est justement là que l’équipe, qui souhaitait, contrairement à la ville du Havre déjà labellisée, intégrer les habitants à la réflexion, est entrée dans le vif du sujet. Les membres ont échangé ? et échangent encore, puisqu’un premier bilan sera posé la semaine prochaine ? avec les habitants, les associations, les conseils consultatifs de quartiers (CCQ). Des groupes de travail ont émergé, une centaine de Brestois ont vu leurs paroles enregistrées. Certains mots marquants seront par ailleurs peints sur le sol, lors du Jardin éphémère qui sera installé, place de la Liberté, lundi.
Dans un an tout pile.
La candidature de Brest sera examinée par la commission du ministère de la Culture en juin 2017 et la réponse sera donnée dans la foulée. Les équipes se donnent jusqu’en décembre pour terminer le dossier. Désormais, c’est place à l’action, pour les groupes de travail, qui ont planché, d’ailleurs, sur la création d’un sentier d’interprétation le long de la Penfeld, qui porterait sur la construction navale, baptisé « Balcon sur la Penfeld ». « Il y aura neuf stations, dit Christine Berthou-Ballot. Les cinq premières verront le jour en mars 2017, les autres en 2018 ».
Brest 2016. Les fêtes maritimes seront également l’occasion de faire le point avec les Brestois, mais aussi avec les personnes extérieures. « On sera au Jardin de l’académie de Marine du 15 au 17 juillet », continue la responsable. Les membres y présenteront notamment le jeu de cartes « Brest-même » qu’ils ont créé. Un jeu qui sera mis en place dans les médiathèques et dans les écoles à la rentrée, mais aussi décliné sur scène lors des Jeudis du port, les 4 et 18 août, par Impro Infini.
À noter : Les Brestois sont invités à témoigner et à transmettre photos et textes à : ville-art-et-histoire@brest-metropole.fr
© Le Télégramme : paru dans le journal du 24 juin 2016 – www.letelegramme.fr