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CONSEIL DE LA METROPOLE 9 DECEMBRE 2022 – DECLARATION LIMINAIRE – ERIC GUELLEC

Lors du dernier conseil de la métropole du 9 décembre dernier, Eric Guellec, Président du groupe des élues et élus communistes, est intervenu en déclaration liminaire concernant le droit à la mobilité pour toutes et tous, et pour répondre à la crise climatique actuelle.

Conseil de la métropole du 9 déc 2022 – Déclaration liminaire sur le droit à la mobilité et la crise climatique – Eric Guellec

 

« Monsieur le Président, mes chers collègues,

S’il y a un sujet sur lequel notre équipe municipale et métropolitaine s’est montrée particulièrement ambitieuse ces dernières années en matière de politiques publiques, en matière d’investissements publics, c’est bien celui des mobilités et des déplacements au sens large, quel qu’il soit d’ailleurs : le vélo, l’automobile, la marche à pied, les transports publics collectifs.

De grands projets et des actions phares ont ainsi été menées ces dernières années :

La création d’un réseau structurant de transports publics collectifs avec la construction et la mise en service de la première ligne de Tramway.

Le développement de nouvelles solutions de transports, innovantes et durables : c’est l’arrivée du téléphérique urbain, c’est l’achat de nouveaux bus, c’est le remplacement progressif de la flotte de véhicules de la collectivité.

Le renforcement de nos politiques publiques en faveur d’un meilleur partage de l’espace public entre toutes et tous, faisant la part belle aux mobilités douces mais pas que. C’est le développement de zones piétonnes, c’est l’édiction d’un Plan Vélo, c’est le développement des zones 30.

La mise en mouvement du contrat de proximité territorial avec toutes les réfections et les mises en accessibilité de réseau de voirie de proximité qui améliorent chaque année, nos espaces publics, nos routes, nos trottoirs.

Nous avons beaucoup fait depuis des années pour les déplacements et cela va continuer.

Car nous le voyons bien, Monsieur le Président, mes chers collègues, les transports et les déplacements sont au cœur des enjeux actuels, sociaux, environnementaux, économiques.

Nous le voyons bien, les transports et les déplacements sont au cœur des questionnements que se posent beaucoup de nos concitoyens et de nos concitoyennes, dont les habitantes et les habitants de Brest métropole.

Les transports occupent en effet une place centrale dans la vie quotidienne : se déplacer, c’est plus d’une heure par jour et au moins 15% des revenus pour chaque ménage.

Les transports, c’est la liberté, celle d’aller et venir, de mener ses activités et sa vie, en autonomie.

Et puis, à côté de cela, les transports, c’est aussi le secteur qui demeure le principal émetteur de carbone et de gaz à effet de serre, environ 31% des émissions, et c’est une cause du dérèglement climatique que nous connaissons.

Dans un contexte d’explosion du coût de l’essence, doublé d’une crise énergétique et climatique, les mobilités et notre manière de nous déplacer sont donc profondément bouleversées et directement réinterrogées.

Le contexte appelle des changements énormes, des investissements massifs en faveur de toutes les formes de mobilités peu polluantes, avec des politiques tarifaires attractives, pour accélérer les transitions en la matière, pour réduire les énergies carbonées dans le secEric - Copieteur des transports et répondre aux objectifs fixés par nos plans climats. C’est un enjeu majeur.

Dans ce contexte, communistes, nous défendons le droit à la mobilité pour tout un chacun, quel que soit son niveau de revenu ou son lieu d’habitation. Face à celles et ceux qui souhaiteraient rationner ou limiter les déplacements, nous disons que la mobilité est un droit, que chacun et chacune doit pouvoir se déplacer librement.

Le programme de notre équipe majoritaire prend la mesure de ce défi et sa réalisation méthodique va permettre de répondre à une grande partie des questions que la crise pose aujourd’hui.

Assurer le droit à la mobilité pour toutes et tous, répondre aux enjeux climatiques, c’est notamment investir en direction des transports en commun pour en développer l’usage, quotidien et massif dans la métropole. Développer l’offre de transports publics comme nous allons continuer de le faire avec le projet « Mon réseau grandit », projet structurant comportant la création d’une 2ème ligne de tramway ainsi que celle d’une ligne de Bus à Haut Niveau de Service. Sur ce point, nous voulons rappeler notre volonté de voir ces deux projets menés dans ce mandat car nous les estimons prioritaires.

Nous évoquions lors du précédent conseil de métropole la sollicitation du « Fonds Vert » du Gouvernement visant à accélérer la transition écologique pour accompagner le financement de ces grands projets structurants…

Gageons que l’Etat saura se montrer sur ce volet à la hauteur des ambitions sur lesquelles il communique allégrement en ce qui concerne les transitions.

Car c’est d’un plan d’envergure dont nous avons besoin pour créer de nouvelles infrastructures de transports publics collectifs en France.

Investir dans notre réseau de transports en commun, c’est aussi en parallèle continuer la modernisation de toutes nos infrastructures métropolitaines de transports, les Pôles d’Echanges Multimodaux, la modernisation du parc de bus tout en renforçant les dessertes et les fréquences de passage des lignes existantes, c’est renforcer les services spécifiques comme la navette ACCEMO à destination des personnes en situation de handicap ou encore le mini bus du réseau Voisin ’Age géré par le CLIC à destination de nos ainés, des dispositifs qui répondent à de véritables demandes.

Et puis, tous ces efforts pour développer l’offre de transports en commun ne saurait être totalement efficace si nous n’agissons pas également, nous, en tant qu’Autorité Organisatrice, sur le tarif des transports publics collectifs afin d’en faciliter toujours d’avantage l’utilisation par la population.

Communistes, vous le savez, nous défendons la gratuité des transports publics au travers une mise en place progressive, comme le font actuellement un nombre croissant de communautés de communes et de métropoles au plan national.

Politiquement, nous pensons que cette mesure est un puissant un outil de transformation qui va dans le sens du partage de l’espace public.

Cette mesure, nous pensons qu’elle ferait du bien au pouvoir d’achat de la population, qu’elle ferait du bien au climat, qu’elle ferait du bien au développement économique, à l’attractivité de notre territoire.

Nous saluons par ailleurs la décision de mise en gratuité du réseau de transports en commun ces deux prochains dimanches de décembre. Pourquoi ne pas élargir cette expérimentation de fin de semaine à une période plus large dans l’année ?

Assurer le droit à la mobilité pour toutes et tous, répondre aux enjeux climatiques, c’est aussi permettre le développement du ferroviaire, plus efficace, plus écologique et moins cher.

A Brest, un sujet nous tient particulièrement à cœur, c’est celui du Paris-Brest/Brest-Paris, par le train. C’est celui d’un développement équilibré de la Bretagne avec une attention particulière, donc, sur les moyens nationaux et régionaux consacrés à la pointe bretonne. Cet été, le président de la SNCF, affirmait que, je cite, « Brest-Paris en 3h30, ce n’est déjà pas si mal ». C’est un mauvais signal alors que la connexion de notre métropole au reste du territoire est un enjeu d’importance.

Nous souhaitons rappeler l’engagement de l’Etat de relier la pointe bretonne à trois heures de Paris, par le train. Plus que jamais ce grand projet d’aménagement, que de nombreux élus bretons appellent de leurs vœux s’avère nécessaire pour poursuivre le développement de notre métropole et rééquilibrer le territoire.

Sur la liaison Paris-Brest/Brest-Paris, cette fois par voie aérienne, nous saluons également comme vous, Monsieur Le Président, la reprise de la ligne, abandonnée par Air France, par la compagnie Chalair. Il fallait que cette ligne soit maintenue. L’accessibilité de la pointe bretonne, de Brest et du Finistère, qu’elle soit ferroviaire, routière, maritime, numérique et aérienne, est en effet une condition essentielle de son attractivité et donc du développement de l’emploi local. En témoigne, l’installation prochaine d’Accenture, entreprise du secteur numérique, qui a pour objectif de créer 500 emplois dans la ville.

Au Parti Communiste Français, nous ne mettons pas le transport aérien au garage. Mais c’est une filière qui doit aujourd’hui évoluer pour être moins discriminante socialement et moins polluante.

Conscients des enjeux climatiques et de la nécessaire évolution vers des transports moins polluants comme le train, une grande priorité nationale doit également être portée sur un programme d’investissement structurant en direction du train pour les trajets nationaux, à la fois dans la relance et la modernisation du réseau TER et trains de nuits, les petites lignes et le réseau secondaire, mais aussi dans le développement de la grande vitesse ferroviaire, dont Brest et la pointe bretonne sauront profiter, nous venons d’en parler.

Assurer le droit à la mobilité pour toutes et tous, répondre aux enjeux climatiques, c’est également développer les mobilités douces que sont les déplacements à vélo et à pied, dont la pratique est également bénéfique en terme de santé publique.

Cela fait écho à notre Schéma Directeur Vélo qui prévoit notamment une accélération du développement des infrastructures cyclables dans notre métropole et diverses actions visant à faciliter la pratique du vélo.

Quant au Plan Piéton formalisé en 2018, la réflexion doit continuer à se poursuivre, toujours à la lumière, entre autres, de l’enjeu de l’accessibilité universelle des espaces publics.

Enfin, assurer le droit à la mobilité pour toutes et tous, répondre aux enjeux climatiques, c’est aussi mieux penser la place de la voiture.

Car l’usage de la voiture, restera nécessaire durablement pour une large partie de la population.

Nous délibérons tout à l’heure sur la question de la politique du stationnement avec la passation d’un contrat de délégation de service public pour la gestion et l’exploitation du service public de stationnement, avec Brest Aim’ SPL.

Sur ce sujet, nous nous satisfaisons des évolutions engagées, tant sur le mode de gestion que sur le contenu du contrat passé avec cette nouvelle société publique locale qui va nous permettre de mener de nouveaux investissements dans nos parkings actuels et dans de nouveaux parcs en ouvrage.

Et puis, sur la place de la voiture en ville, une autre question d’importance va se profiler d’ici 2025, c’est le sujet de l’instauration des futurs ZFE, nous l’avons déjà évoqué ici.

Les Zones à Faibles Emissions sont des périmètres dans lesquels il sera interdit à certaines catégories de véhicules de circuler sous peine de verbalisation.

A partir de 2025, 45 agglomérations dont la nôtre devront donc avoir mis en place en leur sein une ZFE. Cette instauration est une obligation fixée par la loi. Elle est une obligation légale, souhaitée par le président et le Gouvernement.

D’ailleurs, le Gouvernement a indiqué que le « Fonds Vert » dédié aux transitions, dont je parlais tout à l’heure, comporterait des crédits directement fléchés (environ 150 millions d’euros sur les deux milliards) dédiés au financement des études préalables, des évaluations et des infrastructures dans les territoires mettant en place les ZFE.

Mais de quoi parle-t-on ici ?

Parle-t-on ici d’infrastructures de portiques radars avec lecture de plaque automatisée qui assureraient le contrôle et l’éventuelle sanction des véhicules ?

Ou bien parle-t-on d’autres projets d’investissements qui pourraient être du transport public collectif, du BHNS, du TRAM ?

Nous alertons à nouveau sur le risque qu’induisent de tels dispositifs ZFE profondément injustes qui vont discriminer, pénaliser, une partie de la population, celle qui n’a pas les moyens de s’acheter une voiture neuve, une voiture électrique et qui n’a pas d’autres choix que d’utiliser sa voiture au quotidien pour vivre et travailler. 14 millions d’automobilistes en France sont concernés et pourraient ainsi voir leur véhicule interdit de circulation sur une partie du territoire national.

D’autant, qu’aujourd’hui, rappelons-le, les aides et les compensations pour l’achat d’un véhicule électrique sont toujours insuffisantes de la part de l’Etat

Nous saurons nous mobiliser contre cette forme d’écologie punitive et pour des mesures d’accompagnement nationales et locales à la hauteur car tout le monde aujourd’hui, n’a pas les moyens de s’acheter de l’électrique.

Voilà, Monsieur le Président, chers collègues, ce que nous souhaitions dire sur les mobilités et les déplacements au sens large et sur la nécessaire transition du secteur d’une manière qui soit juste et équitable.

Il apparait de plus en plus que pour répondre en même aux besoins sociaux en augmentation et prévenir le changement climatique, il sera nécessaire d’opérer un transfert massif des énergies carbonés vers l’électrique décarboné et d’augmenter donc, en conséquence, et de manière importante, la production électrique française.

Nous pensons que cela sous-tend un mix énergétique s’appuyant sur l’énergie nucléaire, et la relance de sa filière publique mais cela est un autre débat.

Je vous remercie de votre attention. »

https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/a-brest-metropole-la-gratuite-des-transports-en-commun-n-est-pas-pour-demain-09-12-2022-13238356.php

https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-la-mobilite-et-l-inflation-etaient-au-coeur-des-debats-du-conseil-de-metropole-467f9252-77e9-11ed-8b33-be46011093e6