CM 21.10.2020

CONSEIL MUNICIPAL 9 FÉVRIER 2021 – Etre aux côtés de la jeunesse – Éric Guellec

Eric Guellec, adjoint au maire de la ville de Brest, a fait une déclaration liminaire lors du dernier conseil municipal concernant les impacts de la crise sanitaire sur la santé et la condition sociale des jeunes.

 

« Monsieur le Maire, mes chers collègues,

Permettez-moi d’intervenir, au nom du groupe des élus communistes, sur un sujet qui nous préoccupe particulièrement.

Ce sujet est celui de la jeunesse confrontée à la crise sanitaire.

Quels impacts cette crise de covid-19 a t’elle sur la condition sociale des jeunes, sur leur santé?

Quels effets la succession de confinements et le prolongement de l’épidémie ont-ils sur leur vie quotidienne et plus largement sur leur manière de se projeter dans l’avenir?

La crise sanitaire et sociale a des conséquences non négligeables sur la santé de nombre de jeunes et notamment d’étudiants.

Le manque d’interactions sociales qu’a notamment entrainés la fermeture des universités et la généralisation des cours à distance peut avoir des conséquences psychiques non négligeable.

Nous savons cette période particulièrement éprouvante pour les jeunes, et notamment les étudiants qui sont près de 25.000 à Brest. Les situations de mal-être qu’ils connaissent sont en augmentation.

Des structures d’aide et d’écoute existent. Elles sont recensées sur le site internet de la ville, il est toujours utile de le rappeler.

Continuons à promouvoir tous ces dispositifs de parole, ces dispositifs de soutien.

L’accès des étudiants aux soins reste encore aujourd’hui extrêmement lacunaire pour divers motifs, en premier lieu desquels le coût de la consultation médicale.

Les moyens dédiés dans les structures de santé universitaire sont insuffisants au plan national malgré des besoins criants, notamment en matière de santé mentale et d’accompagnement psychologique.

On dénombre en France 1 psychologue universitaire pour 30 000 étudiants quand les standards en recommandent 1 pour 1500.Eric - Copie

A Brest, le Service Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé emploie moins de deux emplois de psychologues à temps plein et doit faire face à une demande qui ne cesse de croitre.

Ce constat d’un manque de moyens pour répondre à la situation de détresse des étudiants donne encore plus de  sens, Monsieur le Maire, mes chers collègues, à notre proposition de création d’un centre de santé ici à Brest.

Centre de santé qui pourrait être porté en partenariat avec des acteurs associatifs déjà implantés dans notre ville, reconnus pour leurs compétences sur ces sujets.

De la même manière, la médecine scolaire, faute de moyens, s’est retrouvée en grande difficulté dans la gestion épidémique à l’école.

Réinvestir la santé en milieu scolaire et universitaire devrait être une priorité du gouvernement.

Par ailleurs, concernant l’éducation, l’interruption de la scolarité intervenue l’an dernier aura creusé les inégalités scolaires et sociales. Les disparités en terme de matériels, de connaissance du numérique, de conditions de vie auront eu un impact très important sur la possibilité ou non pour l’élève d’avoir un lien avec l’école et de poursuive les apprentissages. Et ce malgré tous les efforts des enseignants pour entretenir et maintenir ce lien.

Etre aux côtés de la jeunesse, c’est lutter contre les fractures qui se créent et se développent. Parmi elles, la fracture numérique.

Avec le collège public de Kerhallet, le Conseil Départemental du Finistère et la recyclerie « un peu d’R », la ville de Brest a développé un dispositif pour distribuer du matériel informatique et des moyens de connexion à 160 familles de ce collège.

Ce dispositif, destiné à permettre une continuité pédagogique et un accompagnement éducatif de tous les élèves, gagnerait à être développé, afin d’équiper et d’accompagner toutes les familles brestoises qui en auraient le besoin.

Etre aux côtés de la jeunesse, c’est également œuvrer comme nous l’avons fait pour favoriser le retour les enfants à l’école suite au premier confinement, en particulier le retour de ceux qui ont le plus souffert des interruptions scolaires.

Nous voulons saluer les équipes du Dispositif de Réussite Educative et du Projet Educatif et Citoyen qui ont fourni un gros travail sur ce point. L’ensemble de nos dispositifs éducatifs s’avèrent plus que jamais nécessaires et essentiels. A Brest, nous pensons l’éducation comme un projet collectif, partagé au service d’une continuité éducative.

Etre aux côtés de la jeunesse, c’est enfin ouvrir des postes dans l’ensemble des établissements afin de permettre aux élèves en difficulté de bénéficier de meilleures conditions d’apprentissage. Et c’est là bien sûr une compétence de l’Etat.

Nos enseignants doivent être encore et toujours soutenus dans leurs missions.

Et sur ce point, permettez-nous de douter de la pertinence des fermetures de postes envisagées par l’éducation nationale dans notre ville pour cette année 2021.

Concernant l’enseignement supérieur et l’Université, là aussi les choses demeurent fragiles malgré le retour en présentiel des étudiants un jour par semaine.

Une vie étudiante sous cloche, des cursus perturbés, cela porte le risque important – je le disais tout à l’heure – d’une multiplication des cas de détresse psychologique chez les étudiants ainsi que d’un creusement des inégalités selon les filières.

Sur ce point, nous jugeons les dernières mesures gouvernementales à l’égard de la jeunesse insuffisantes.

Enfin, de nombreux jeunes sont aujourd’hui confrontés à une conjoncture économique et sociale dégradée qui accentue les inégalités déjà à l’œuvre et qui fait basculer beaucoup d’entre eux dans la précarité.

La disparition de nombreux emplois a amené beaucoup de jeunes à se retrouver en proie à de grandes difficultés financières. Cette crise nourrit un chômage déjà élevé dans cette tranche de la population.

L’épicerie solidaire étudiante Agorae, dont les locaux se situent à l’UFR sciences, reçoit ainsi chaque semaine des bénéficiaires supplémentaires et arrive aujourd’hui à saturation de ses capacités d’accueil.

Etre aux côtés des jeunes, c’est soutenir les associations qui œuvrent dans le champ de l’aide alimentaire, à l’instar de notre accompagnement dans la mise en place d’un réseau d’épiceries solidaires dans tous les quartiers de Brest, la première d’entre elles venant d’ouvrir dans le quartier de Bellevue. Dispositif dont nous sommes donc à l’initiative avec différentes associations de notre territoire.

Les jeunes, étudiants ou non, n’attendent pas du Président de la République qu’il leur dise que « c’est dur d’avoir 20 ans aujourd’hui ».

Ils attendent d’être davantage écoutés, respectés, mieux pris en compte. Ils attendent des réponses concrètes face à la crise qui les touchent de plein fouet. Ils attendent entre autres des réponses sérieuses et pérennes quant aux moyens de leur autonomie financière et matérielle pour les prochaines années, notamment avec la création d’un revenu étudiant et l’ouverture du RSA à tous les moins de 25 ans sans emploi. Ce dernier point n’est pas l’alpha et l’omega d’une politique jeunesse, mais un filet de sécurité nécessaire.

Le risque est grand de voir une génération entière durablement marquée par cette crise sanitaire.

De fait, de notre côté, l’importance de la mise en place des mesures concrètes inscrites dans notre programme s’impose :

  • L’élargissement du réseau de réussite éducative à l’ensemble des quartiers de la ville et la création d’un réseau de réussite éducative en direction de tous les jeunes de 16 à 27 ans.
  • La poursuite et le renforcement de notre soutien aux associations œuvrant dans le champ de l’aide alimentaire, on l’a dit.
  • Le renforcement de notre soutien au tissu associatif, aux acteurs de l’éducation populaire et aux équipements sportifs et culturels de la ville.

Tous ces dispositifs seraient de nature à développer un accompagnement renforcé en direction de toute la jeunesse brestoise en vue de lui permettre d’envisager son avenir avec davantage de sérénité.

Je vous remercie. »