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Le Télégramme : Bellevue, un Zest de couleurs

Gaie et revigorante, l’oeuvre de Zest, qui occupe les 100 m² du pignon de cette maison, est comme un phare planté dans le quartier pour stimuler le street art.

Bellevue prend de la couleur. Le Montpelliérain Zest, sommité du graff, vient d’achever une grande fresque sur un pignon. Le gymnase doit suivre à la fin du mois. 60 autres spots sont déjà répertoriés pour rompre avec la minéralité du quartier.

Avec ses nouvelles teintes qui pètent, le pignon du 1, rue de Lanrédec attrape le regard des automobilistes. Débutée vendredi, l’oeuvre, bien qu’interrompue plusieurs fois par les grains, s’est achevée dimanche après-midi. « Il y avait plein de monde : les graffeurs d’ici, des gens du quartier, un moment très sympa », vante Laure Coat, chargée de développement à la mairie de Bellevue, qui catalyse cette démarche qui n’a rien d’anachronique dans un quartier où la dynamique du street art était déjà bien ancrée. Pakone, Wen2, Guy Denning… Tous ont fait de Bellevue leur terrain de jeu même si leurs fresques n’ont peut-être pas la visibilité qu’elles mériteraient. C’est d’ailleurs pour les populariser que le conseil consultatif de quartier avait organisé une balade sur l’art urbain lors des Journées du patrimoine de septembre 2015. « Un déclic », se souvient Rodolphe, membre du conseil au sein du groupe animation du patrimoine. « On s’est aperçu qu’il y avait un gros public pour ça, et c’est devenu un axe pour travailler sur l’image du quartier », abonde Jacqueline Héré, l’adjointe.

Le coup de pouce de la députée

Ni une, ni deux, à la maison de quartier, au patronage laïque du Bergot, au centre social, on fonce sur l’idée. Thomas, l’animateur, alias Shire le graffeur, a carte blanche pour initier les ados. Il ne manque plus qu’un coup de pouce financier. Il viendra de Patricia Adam.

Séduite par cette démarche fédératrice de transformation du quartier qui cimente la cohésion sociale, la députée puise 15.000 € dans sa réserve parlementaire. Pour cette première grande fresque, l’option est de faire appel à quelqu’un d’extérieur à Brest. Shire fait jouer ses réseaux et propose un panel d’artistes. Avec son CV de ouf, Zest sort du lot haut la main, lors d’un vote proche de l’unanimité. Baptisée « Toy Story », son oeuvre ne renvoie pourtant pas à l’univers des jouets. « Le toy est un procédé qui joue sur l’empilement des strates de couleurs. Une technique basée sur l’énergie, la vitesse et les couleurs primaires », décrypte l’artiste.

60 sites répertoriés

À la fin de ce mois, les apprentis graffeurs du quartier s’attaqueront au gymnase avec Nazeem, autre muraliste patenté, de Brest même celui-là. Et ensuite ? « Ce n’est qu’un début. On a déjà repéré 60 autres sites potentiels. On cible les axes visibles, mais pas uniquement. À l’intérieur du quartier, sous des voûtes… Il y a du potentiel partout », assure Laure. Le grand escalier du centre commercial Kergoat et la patinoire figurent aussi sur les tablettes et la députée a promis de reconduire son aide. Zest, lui, passera son tour. « Je ne devrais pas dire ça pour mon business, mais il faut de la variété dans un quartier ». Pas grave. D’autres prendront le relais. À Bellevue, la bombe humaine, c’est vraiment l’arme de demain.

© Le Télégramme : article paru dans le journal du 18 octobre 2016, plus d’information sur www.letelegramme.fr