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CONSEIL MÉTROPOLE 17 SEPTEMBRE 2020 – Intervention liminaire – Crise économique et axes de relance – par Eric Guellec

Eric Guellec, Président du groupe des élu.e.s communistes, est intervenu durant le conseil métropole de jeudi dernier.

Lien vidéo du Conseil métropole – 31:22 :
https://www.brest.fr/brest-metropole/le-conseil-de-metropole/suivre-les-conseils-de-metropole-1678.html

Eric - Copie

« Monsieur le Président, chers collègues,

Bien que l’Ouest Breton soit présenté comme moins affecté par la crise que d’autres régions, les menaces qui pèsent sur l’emploi ni demeurent pas moins réelles. Certaines filières connaissent de profondes difficultés. Evoquons notamment le secteur des transports, et nous pensons bien sûr entre autres à la Britanny Ferries, dont les activités sont aujourd’hui durement touchées. 

A la vérité, cette crise révèle les maux dont souffre notre système depuis bien longtemps : 

  • Des politiques d’austérité budgétaires répétées qui ont affaibli notre modèle social, nos services publics, au premier rang desquels l’hôpital.  
  • Une course permanente aux profits qui a entrainé la délocalisation progressive de nos entreprises, la précarisation des travailleurs, la financiarisation de notre économie.

Ces choix idéologiques, totems des libéraux, ont conduit notre pays dans un état de grande vulnérabilité. Et sans la mobilisation de nos vrais premiers de cordées (les personnels du soin, de l’aide à la personne, les personnels de la grande distribution, les pompiers, etc), sans l’action des collectivités locales, de leurs agents, notre pays n’aurait pu faire face.

Il y a urgence aujourd’hui à ouvrir de nouveaux chemins pour une relance de progrès, qui place l’humain et la planète au cœur de tous les choix. De ce point de vue, le plan de relance présenté par Jean Castex ne répond pas aux attentes.

Budgété à hauteur de 100 milliards d’euros, il sera pour partie un chèque en blanc signé au patronat. 20 milliards d’euros de baisses d’impôts vont ainsi être octroyés aux entreprises, sans aucune contrepartie sociale ou environnementale, sans aucune contrepartie de développement d’emplois ou d’investissements.

Ce sont donc les mêmes vieilles recettes qu’on nous ressert encore et encore et qui, au final, nous auront couté bien plus cher qu’elles ne nous auront rapporté.

A l’instar du CICE, sans contrôle efficace, ces aides publiques risquent d’être massivement versées à des grandes entreprises qui licencieront et qui baisseront les salaires tandis que TPE et PME, elles, seront condamnés à baisser le rideau.

Comment imaginer par exemple que l’entreprise Nokia puisse décemment bénéficier de ces aides publiques alors que sa direction a annoncé un plan social prévoyant la suppression de 1200 emplois en France, dont 400 à Lannion, dans un secteur des télécoms pourtant jugé comme stratégique?

Comment expliquer que l’industrie aéronautique, là aussi secteur stratégique, licencie des milliers de personnes alors qu’elle a déjà touché 15 milliards d’aides publiques ?

A Morlaix, « HOP ! », 276 salariés, filiale d’Air France, est ainsi menacée de fermeture.

Dans les périodes de crise, nous le savons trop bien, les effets d’aubaine et d’instrumentalisation des désastres sont monnaie courante chez les ultra-libéraux pour piétiner les aspirations de justice sociale au profit de la loi du marché.

L’emploi, qu’il soit public ou privé, ne peut pas être considéré comme une variable d’ajustement des profits des grands groupes ou comme une dépense sur laquelle rogner.

A Brest métropole, nous avons décidé de nous placer en soutien à l’économie locale, en particulier auprès des TPE-PME, afin d’aider à préserver l’emploi. Plusieurs dispositifs ont vu le jour et ont permis l’octroi de coups de pouce financiers immédiats pour certains commerçants-artisans en difficulté de trésorerie ainsi que des aides à l’investissement et des exonérations de taxe. Dans cette période de crise, il est important de prolonger ces dispositifs d’aides en direction des petites entreprises et de l’économie réelle.

Pour nous, communistes, cette crise sanitaire doit conduire à ouvrir collectivement de nouvelles voies de transformation.

L’application du programme sur lequel nous avons été élus répond à cet enjeu.

Pour nous, la relance économique doit ainsi se réaliser au niveau local selon 2 axes :

  • Le premier est de relancer la machine économique grâce à la réalisation des grands projets d’investissement prévus dans notre programme. En priorité, les projets qui ont trait à la transition énergétique de notre territoire.

Bien que la crise sanitaire ait lourdement affecté nos finances (17 millions d’euros de manque à gagner pour la métropole) et qu’on puisse redouter, au vu de notre expérience du sujet, un nouveau manque à gagner en raison des baisses des impôts de productions décidées par l’Etat, notre bonne gestion passée nous permet de conserver des marges de manœuvre.

Ces marges de manœuvre doivent nous permettre de réaliser une politique d’investissement soutenue et rapide en matière de transition énergétique durant le mandat.

Nous pensons notamment à la 2ème phase de développement de notre réseau de transports en commun urbains : la 2ème ligne de TRAM et la ligne de Bus à Haut Niveau de Service. Mais également aux plans de rénovation thermique et énergétique de nos bâtiments publics, de nos écoles, de nos équipements de quartiers, de nos équipements sportifs et culturels.

L’investissement public dans de grands projets structurants, locaux et à forte dimension sociale et écologique, est l’élément essentiel pour redynamiser l’économie locale, pour soutenir le secteur du bâtiment et des travaux publics, lui aussi affecté par la crise, et pour engager notre territoire dans les transitions.

  • Le deuxième axe concerne la poursuite de notre effort de relocalisation d’activités industrielles sur notre territoire.

Développement des activités liées aux énergies marines renouvelables, soutien à la filière de la réparation et de la déconstruction navale, politiques de soutien aux activités innovantes et aux activités à forte valeur ajoutée sur le plan environnemental, nos efforts doivent être placés sur la relocalisation de l’outil industriel et sur la construction de filières d’avenir, capables de créer de l’emploi.

Ce travail ne se fera pas seul. La réindustrialisation de notre territoire devra être l’une des grandes priorités de la stratégie de développement économique « Cap 2030 » que nous allons construire avec nos partenaires.

Enfin, vous le savez, Brest a été choisie pour accueillir le Grand Départ du Tour de France en juin prochain. La venue du Tour va entraîner des retombées économiques sur la métropole et le Pays de Brest, particulièrement vers les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie et du commerce.

Ce type de grand évènement offre donc la perspective d’une sérieuse bouffée d’oxygène économique dans moins d’un an, mais permet aussi l’organisation d’une grande fête populaire, accessible à toutes et à tous, au cœur d’un évènement rassembleur au retentissement planétaire. Une autre bouffée d’oxygène, en quelque sorte…

Monsieur le président, je vous remercie. »