Nous ne devons pas sombrer dans l’État sécuritaire et l’état d’exception permanent : il faut une stratégie globale contre le terrorisme qui préserve les libertés fondamentales.
Une semaine après la terrible tuerie de Nice, qui a vu les vies de 84 femmes, hommes et enfants fauchées et des centaines d’autres blessées ou marquées pour toujours, notre nation reste endeuillée et profondément choquée. Cette folie terroriste aveugle a plongé le pays dans un angoissant questionnement sur les motivations du meurtrier Mohamed Lahouij-Bouhlel et sur les moyens de faire face à la terreur que cherchent à imposer de tels actes.
Au chagrin s’est mêlée depuis la colère devant les polémiques et les surenchères indécentes auxquelles se sont livrés sans recul nombre de responsables politiques.
C’est dans ce contexte que, dans une précipitation extrême et sans faire de vrai bilan de l’expérience de l’état d’urgence des mois passés, le gouvernement a décidé, sans débat, de prolonger de 6 mois l’état d’urgence, sous la pression de la droite et de l’extrême droite qui veulent durcir encore le régime d’exception.
Or, force est de constater que l’état d’urgence n’a pas permis d’éviter le carnage de Nice, dans une ville que les élus de droite ont faite laboratoire de leurs expérimentations sécuritaires et qu’il a pu servir en revanche à lutter contre des mobilisations sociales et des militants qui n’avaient rien à voir avec le terrorisme.
Avant d’annoncer précipitamment sa prolongation, le président de la République venait de la déclarer inutile en indiquant que les lois récemment votées après son déclenchement permettaient de prendre le relais. Le risque s’accroît donc d’une dérive répressive sans efficacité pour la sécurité de nos concitoyen-ne-s, et d’une atteinte à nos libertés publiques fondamentales.
Les parlementaires du PCF à l’Assemblée Nationale et au Sénat ont voté contre cette prolongation de l’état d’urgence qui ne nous semble pas répondre au légitime besoin de sécurité de nos concitoyens.
Il faut avoir le courage de mettre un terme à cette procédure d’exception en ouvrant le débat sur les moyens politiques, économiques et sociaux pour faire face sur le long terme à la menace, pour limiter au maximum le risque.
Cette mobilisation pour assurer la sécurité de nos concitoyens exige tout d’abord des moyens : il faut renforcer les moyens humains et matériels des renseignements et autorités judiciaires spécialisées, accroître les effectifs de police et des douanes.
La justice doit être redressée. Quels sont aujourd’hui les moyens en suivi psychologique ? Où en est la protection judiciaire de la jeunesse ?
Derrière l’affichage contre la radicalisation, l’affaiblissement de notre appareil judiciaire, pénitentiaire et policier est patent.
L’école, nos collectivités et le mouvement associatif sont bien sûr aux premières loges de cette bataille. C’est un grand effort financier qui doit être engagé pour mobiliser tous ces acteurs. Le projet de loi de finances pour 2017 devrait en être la traduction.
La riposte sécuritaire ne peut être le cœur de l’action politique, il faut, a-t-il dit, étudier, comprendre et concevoir des réponses globales dans une démarche de prévention du terrorisme.
De la même manière, riposter à la violence terroriste et au projet politique meurtrier et dictatorial de Daesh, par la seule voie militaire, par l’engagement de notre pays dans une logique de guerre aveugle, sans stratégie politique visant le retour de la paix et de la sécurité internationale est une grave erreur. Il y a beaucoup à faire dans la recherche de solutions de sortie de guerre au Proche-Orient et dans la lutte contre les réseaux de financement du terrorisme, qui s’appuient sur des paradis fiscaux et des réseaux capitalistes internationaux.
A Brest, le 21 juillet 2016
Fédération du Parti Communiste du Finistère/ 5 rue Henri Moreau / 29200 Brest